L’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs de 2012 précise que : « [l]’eau des Grands Lacs devrait […] être dénuée d’éléments nutritifs entrant directement ou indirectement dans les eaux du fait d’une activité humaine dans des quantités favorisant la croissance d’algues et de cyanobactéries qui interfèrent avec la santé de l’écosystème aquatique ou l’utilisation humaine de l’écosystème […]. »
Dans les années 1980 et au début des années 1990, les efforts de restauration à l’échelle du bassin ont permis de réduire les teneurs élevées en éléments nutritifs, qui contribuaient à la formation de proliférations d’algues, d’algues nuisibles et de zones hypoxiques (faible teneur en oxygène) dans les Grands Lacs. Une résurgence des dégradations liées aux éléments nutritifs due aux espèces envahissantes, aux changements d’utilisation des terres, du changement climatique et à d’autres facteurs a été observée. Les conditions nutritives et algales sont généralement bonnes dans lac Supérieur, mais elles demeurent médiocres dans le lac Érié et passables dans les lacs Michigan, Huron, et Ontario. Dans l’ensemble, l’indicateur des éléments nutritifs et des algues a été évalué comme étant passable, et la tendance comme inchangée.
Des teneurs différentes en éléments nutritifs sont nécessaires pour maintenir l’état souhaité du réseau trophique dans chacun des Grands Lacs. Seulement les concentrations extracôtières de phosphore présente dans lac Supérieur sont considérées comme bonnes. Dans les eaux du large des lacs Michigan, Huron et Ontario, les concentrations de phosphore sont inférieures aux objectifs de l’écosystème en termes de concentrations d’éléments nutritifs et d’état du réseau trophique. Les concentrations de phosphore demeurent supérieures aux objectifs dans les bassins occidentaux et centraux du lac Érié et dans certaines zones littorales et les baies de chacun des autres lacs.
Des concentrations élevées d’éléments nutritifs peuvent entraîner des proliférations d’algues nuisibles. Ces proliférations sont constituées de cyanobactéries, lesquelles produisent parfois des toxines, par exemple la microcystine. Quand elles sont présentes dans des concentrations élevées, ces toxines peuvent nuire à la salubrité de l’eau potable et être nocives pour les personnes, la faune et la flore, et les animaux de compagnie. La décomposition de grandes quantités d’algues peut par ailleurs mener à la formation de zones hypoxiques (comme dans le bassin central du lac Érié), ce qui peut suffoquer les organismes aquatiques et dégrader l’habitat. Dans les Grands Lacs, le bassin occidental du lac Érié présente les proliférations d’algues nuisibles les plus constantes et les plus répandues, et les conditions sont très variables d’une année à une autre. Le pourcentage de zones littorales (zones de moins de 16 mètres de profondeur) du lac Érié subissant des proliférations a toutefois décliné entre 2012 et 2020. Dans d’autres régions des Grands Lacs, comme la baie de Green Bay (lac Michigan), la baie Saginaw (lac Huron) et le lac Sainte-Claire, et dans des baies, comme le port de Hamilton et la baie de Quinte (lac Ontario), les proliférations ont également eu des effets négatifs sur la santé des écosystèmes ainsi que les activités récréatives. Des proliférations localisées de courte durée ont par ailleurs été observées dans le lac Supérieur au cours des dernières années, mais elles étaient principalement confinées au littoral immédiat. D’après l’étendue géographique des efflorescences, les proliférations sont considérée comme médiocre dans le lac Érié, tandis que les conditions littorales sont jugées comme passable dans les lacs Michigan et Huron, et bonnes dans les lacs Supérieur et Ontario.
Cladophora est une algue indigène qui fournit de la nourriture et un abri aux invertebres et aux petits poissons, mais qui atteint parfois des niveaux nuisibles sur de vastes zones côtières des lacs Érié, Ontario et Michigan. La situation concernant les Cladophora est considérée comme médiocre dans ces trois lacs. La présence excessive de cette algue pose de nombreux problèmes, notamment l’encrassement des plages et du littoral ainsi que l’obstruction des prises d’eau municipales, en plus d’avoir des répercussions négatives sur le tourisme et la pêche récréative. Les Cladophora charriées sur les rives peuvent par ailleurs abriter des agents pathogènes et créer un environnement propice aux éclosions de botulisme, qui posent un risque principalement pour les poissons et les oiseaux. L’introduction de moules Dreissenidés, espèces envahissantes, a modifié la dynamique des éléments nutritifs et a contribué à augmenter la clarté de l’eau dans de nombreuses régions des Grands Lacs, ce qui a promouvoir accroître la croissance des Cladophora. De plus, de grands tapis de Cladophora peuvent persister malgré les faibles concentrations d’éléments nutritifs dans les eaux environnantes, ce qui complique davantage la compréhension et la gestion de ces algues.
Sous-indicateur | Lac Supérieur | Lac Michigan | Lac Huron | Lac Érié | Lac Ontario |
Bon & Inchangée | Passable & Inchangée | Passable & Inchangée | Médiocre & Inchangée | Passable & Inchangée | |
Bon & Indéterminé | Passable & Inchangée | Passable & Inchangée | Médiocre & S’améliore | Bon & Inchangée | |
Bon & Inchangée | Médiocre & Inchangée | Passable & Indéterminé | Médiocre & Inchangée | Médiocre & Indéterminé |